Eric Lafforgue

16Nov08
Ce matin, je me suis levée un peu trop tôt. Un peu en manque de sommeil, je décide de me reposer l’esprit en regardant les sites de quelques photographes. Après avoir admiré le travail d’Hakan, d’Elif Karakoc ou encore Benoît Paille, je tombe sur un photographe dont le registre est tout à fait différent de ce que j’observe habituellement.
Japon

Japon

Ancien cadre d’une société de téléphonie mobile, Eric Lafforgue, irrémédiable touche-à-tout artistique, se découvre une passion : la photographie. Au départ simple moyen de capturer des souvenirs, Lafforgue ne s’encombre pas d’un matériel lourd et cher. Il y a deux ans, il entreprend cependant un voyage en Papouasie Nouvelle-Guinée et s’équipe en conséquence sans savoir que cette expédition lui vaudra son succès : il publiera son premier livre « Papous » chez Kubik et les commandes s’accélereront désormais sans trève (The Economist, Geo Allemagne, Nat Geo Russia, Lonely Planet, etc.).

Karo woman Ethiopia

Karo woman Ethiopia

Maintenant, Eric Lafforgue traîne un équipement pro derrière lui sans prétention. « Le matériel pro est l’assurance de ramener une photo avec une qualité optimale et publiables sur tous supports. J’ai de nombreux regrets lorsque je vois les photos prises avec un petit Minolta à 4 millions de pixels, le sujet est fantastique, le résultat à pleurer!« . Très loin d’être un as en post-production et retouche Photoshop, Eric n’est cependant pas contre ce genre de manoeuvres pour rendre une photo moins plate : « L’image ne peut pas tout à fait échapper à celui qui l’a prise! C’est un peu comme une chanson qui est reprise par un autre artiste… la base reste, c’est l’ interprétation qui change. »

Lombokl

Lombok

Aucun besoin d’analyser les photos d’Eric Lafforgue ; loin de s’enrober de métaphores juteuses et de concepts compliqués, il ne fait que photographier « de la joie, de la beauté, de la complicité« . « Les discours infinis de certains photographes sur leur travail me laissent pantois! Une photo n’est pas un poème, inutile de disserter, l’émotion doit être immédiate et sauter aux yeux, même des novices!« . Très terre-à-terre, il a seulement envie de regarder et de partager la diversité du monde, à travers ces personnalités humaines aux cultures différentes, qui ont pourtant toutes le même réflexe : sourire devant l’objectif.

Sources : Les fotographes / Pixfan

Eric Lafforgue : Site professionel / Flickr


Je suis happy.

23Oct08

J’avais pris la résolution de ne pas en parler avant que ça se soit passé… et finalement je ne résiste pas à l’envie de le faire, tout simplement parce que je suis épanouie et stressée à la fois, et qu’entre ces deux sentiments réside surtout la peur de ne pas plaire. L’impatience me tiraille évidemment : j’en parle tout le temps et je sautille sur ma chaise sans m’en rendre compte dès que j’y pense. En plein milieu de la nuit je me réveille pour aller voir à quoi ressemble les tirages, ou s’ils sont tout simplement toujours là et que je n’en ai pas rêvé. Mais ils sont toujours là, attendant bien sagement dans leur sous-verre, attendant le jour J, ce fameux samedi 25 octobre

Je passe d’un état d’esprit à un autre : celui où je suis heureuse et pleine d’espoir, à celui où je suis stressée et appeurée à l’idée que personne ne s’arrête pour les regarder. J’ai peur de devoir annoncer le prix, de devoir faire comme si tout était normal alors que ça me change totalement de mes habitudes. C’est la première fois que je me retrouve face aux gens qui observeront mes photos, et je sens que je les observerais moi-même pour guetter toute mimique qui circulera sur leur visage pour essayer de capter les impressions muettes qu’ils en retiendront.

Après tout j’ai écrit cet article pour aussi pour vous indiquer l’heure et le lieu de ma première fois : Quartier Antoine-Dansaert, place du Nouveau Marché au Grain, sur le terrain de basket… dans un petit stand tenu par une fille intimidée et impressionnée. C’est de 10 heures à 17 heures, vous avez vraiment tout le temps pour m’y retrouver.

EDIT : fin du week-end, je suis rentrée crevée, avec un foutu mal aux pieds… mais qu’est-ce que c’était bien !


Laetitia Casta, Patrick Demarchelier

Laetitia Casta, Patrick Demarchelier

Qui n’a pas entendu ce nom, figure incontournable de la photographie de mode contemporaine? Référence des créateurs, Demarchelier sublime le réel en y ajoutant une touche personnelle et son incontestable maîtrise de la technique et des lumières. Sensiblement, il insuffle un regard sur la mode qui relance un débat bien connu : la mode, tandem de la superficialité ou simplement art de séduire? Je pense vous avoir convaincu sur ce photographe qui m’a totalement séduite, grâce à l’exposition qui lui est consacrée au Petit Palais du Musée des Beaux-Arts de Paris. En effet, les photos de Demarchelier, nichées à côté de la collection permanente, font de l’ombre aux vases grecs, tableaux hollandais et portraits du XIXe siècle qui ont déjà une réputation bien ancrée au sein du musée. À travers de nombreuses pièces, on découvre à la fois l’ancienneté et la modernité qui font un bien agréable mélange quand les ingrédients sont bien choisis. Donc, je vous le conseille : l’expo a commencé le 27 Septembre et se terminera le 4 Janvier 2009. Vous avez donc largement le temps.

Portrait d'un Tibetin, Patrick Demarchelier

Portrait d'un tibetain, Patrick Demarchelier

Pour ne pas vous laisser trop insatisfait quant à son travail, j’ai copié un extrait de la brochure du Musée et je vous laisse baver sur la sélection des photos coup de coeur de l’expo que j’ai soigneusement recherchées sur le site du photographe.

« Patrick Demarchelier a, par son style et son talent, inscrit son nom au Panthéon des photographes. Autodidacte, il est devenu l’un des plus grands photographes au monde de la mode et de la beauté.
[…] La « Demarchelier touch », c’est précisément cette spontanéité et la mise en lumière du côté optimiste de la personne qu’il photographie. […]
Extrait de la brochure de l’exposition au Musée des Beaux-Arts (Petit Palais)

Indian Vogue, Patrick Demarchelier

Indian Vogue, Patrick Demarchelier


Il est tôt, ou tard, tout dépend comment on voit les choses. Je reluque la télévision d’un oeil endormi, plongeant une main engourdie dans un sac de chips entamé. Mon jeans, trop serré, m’entaille le ventre. On pourrait me mettre au four qu’on ne verrait pas la différence entre une dinde farcie et moi. Cri strident d’une heure qui s’envole au loin, le bip solennel de ma montre numérique compte ce auquel je ne fais plus attention depuis longtemps : le temps. Après tout, ma perception du temps est figé entre le jour et la nuit, une heure sombre et grise où les réverbères et leurs lumières oranges me foutent la trouille. C’est une heure intermédiaire, heure où les gens ne sont nulle part, voyageurs entêtés qui voient défiler les stations de métro comme un compte à rebours qui les rapproche de chez eux. Au contraire de ces gens, je ne suis nulle part, et j’y reste. Il m’arrive d’effectuer de légers déplacements essouflants, de mon fauteuil à ma bouteille de vodka, de ma bouteille de vodka aux toilettes, des toilettes à mon fauteuil, de mon fauteuil à mon lit. Une première rasade chaque matin pour un quotidien solitaire dur à supporter ; la seconde rasade pour effacer l’image de ses gens trop parfaits qui défilent, heureux, sur l’écran de ma télévision sans savoir que j’existe ; la troisième rasade parce que j’ai soif et la dernière pour terminer ma journée aussi vite que ma bouteille. Le monde tourne alors comme le manège sur lequel, autrefois, j’aimais tellement monter pour accompagner mon fils de trois ans. Ces jours-là, l’automne était synonyme de feuilles séchées et rentrée des classes. Ensuite, l’hiver arrivait et le père-noël s’entraînait à la luge. Puis le printemps faisait fleurir le regard de ma femme. Enfin, l’été enflammait mon coeur d’amour pour la vie. Désormais j’oublie que la vie m’habita un jour et que les années défilaient si vite qu’elles m’ont rendu fou. Aujourd’hui j’habite une grotte sinistre, vestige d’un passé hantant chaque miroir qui reflètent mon image : l’image d’un assassin, le conducteur maladroit ayant foncé dans l’arbre des malheurs un jour de verglas.

L'assassinat.

L'assassinat.